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10 mars 2010 3 10 /03 /mars /2010 12:47

WYOMINGDevilTowerLoin au nord-ouest , à côté de la " poupe" du Vaisseau de Pierre, on peut vivre une autre aventure , un voyage dans le temps plus radical encore. Je veux parler de spectacle de ces "rayons" qui divergent sur des kilométres à partir de l'imposant noyau central du volcan. Cette même pression volcanique qui a poussé vers le ciel les roches en fusion, donnant sa forme au noyau volcanique, a également fendu la croûte terrestre.
Par ces fissures, un magma surchauffé a été propulsé de bas en haut, comme de la pâte dentifrice hors d'un tube, dans les épaisses couches de cendres déposées par l'éruption. Les millions d'années qui ont érodé le cône volcanique et dégagé les flèches  noires du Vaisseau de Pierre ont aussi creusé et emporté les cendres et laissé ces coulées exposées au vent. Par endroits, elles atteignent six à neuf métres de haut pour seulement soixante ou quatre-vingt-dix centimétres d'épaisseur , et elles serpentent sur des kilométres à travers la prairie, telles des murailles de Chine étroites et sans objet.

La route navajo 33 franchit une trouée dans sa portion qui va de l'US 666 , à Red Rock et à la vallée de Kam Bihghi. Un soir d'automne, je me garai en cet endroit sur le bas-côté de la route et m'avançai vers l'aiguille rocheuse, empruntant un chemin rarement utilisé qui court le long des éboulis au pied du mur.DEVIL TOWER tempête


Ce jour-là, une bourrasque annonciatrice de tempête soufflait de l'Utah. De-ci, de-là, des blocs d'ignimbrite s'étaient détachés du mur, creusant des trous au travers desquels chantait le vent. Des buses à queue rousse, grosses comme des aigles royaux, chassaient les rongeurs au-dessus de la prairie. Un petit faucon du Mexique couleur de sable patrouillait sur le mur lui-même en lançant des " kè-kè-kè " de sa voix flûtée. A des kilométres vers le sud, Table Mesa se découpait sur l'horizon, tel un immense porte-avions ancré sur une mer d'herbes couchées par le vent.

DEVIL TOWER paroisLe Vaisseau de Pierre me ramène à l'époque des mythes . Les Navajos l'appellent Tsae-bidahi, le Rocher aux Ailes. Ils le classent au nombre de leurs lieux les plus sacrés et en interdisent l'accés aux amateurs d'escalade. Aux temps mythiques, il fut gravi par Tueur de Monstres , qui avait appris par Femme Araignée comment atteindre le nid des Monstres Ailés.
Au sommet, il massacra ces oiseaux gigantesques. Puis il enseigna à leurs couvées à ne pas chasser les Gens de la Surface de la Terre, mais à se changer en aigles et en hiboux. C'est à cela que je pense quand je me tiens à côté de ce mur de lave grise figée. Puis je me surprends à me représenter ce mur quand il était en fusion et irradiait une chaleur jaune incandescente. 
Quelle force faut-il pour ouvrir des failles dans le crâne de la planéte, sur des kilométres et dans une dizaine de directions différentes? 
Quelle pression faut-il pour projeter au-dessus de la prairie cette cathédrale de pierres noires qui s'élance vers le ciel ( vingt étages plus haut que l'Empire State Building) ? 
J'essaye d'imaginer le bruit...c'est comme tenter d'imaginer celui que ferait l'explosion de dix mille bombes à hydrogéne. J'essaye d'estimer la chaleur lorsque cette imposante structure jetée vers les cieux correspondait au puits bouillonnant d'un volcan. Sans y parvenir, bien évidemment. Mais cette tentative m'aide à replacer le temps, les réalisations de l'homme et moi-même  dans une perspective différente. 

DEVIL TOWER nuages
Ceux d'entre nous chez qui les lieux  arides et désolés entraînent une hausse de la pression sanguine souffriront fréquemment de ce mal sur le plateau du Colorado et dans la région désertique érodée qui en constitue les confins au sud-ouest.  
Un autre endroit similaire, pour moi, est le fond du canyon de Chelly, en dessous de la ruine de White House.

( suite et fin-10-)
CANYON CHELLY vue ensemble
CANYON chelly-White House

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25 février 2010 4 25 /02 /février /2010 01:51

Des lieux de mémoire, dont certains ont tout perdu sauf leur nom jalonnent l'immense continent d'est en ouest. Comme le pressentait au siécle dernier le poéte Walt Whitman, la présence indienne aux Etats-Unis demeure inscrite dans la topographie d'un pays à jamais résonnant des noms des Premiers Américains.

< Il y a des lieux que l'Histoire ne peut atteindre.>
Norman Mailer

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NM SANTA FECertains lieux échappent à l'Histoire , mais se prêtent à la poésie, à l'expérience initiatique . Tels sont les lieux d'exeption qui, aujourd'hui encore, aux Etats-Unis , ont conservé une empreinte indienne. Ces lieux rares qui, au détour d'un chemin,
se révélent au voyageur tout en le révélant à lui-même, peuvent n'inspirer qu'indifférence à l'historien , mais ont marqué de leur sceau le coeur des écrivains, des artistes et des poétes.
C'est Taos, au Nouveau-Mexique, village indien millénaire,pôle d'attraction de nombreux artistes , en lequel D.H.Lawrence décelait la qualité de " l'inaltérable" , d'un site envoûtant où le voyageur se sent enfin " arrivé" ; c'est l'étrange intensité du nouveau-Mexique , " pays de magie " où, comme l'écrit Yves Berger , " l'esprit indien" est présent partout, "où l'espace entre en vous et vous donne l'impression que vous êtes immense à l'intérieur de vous-même" .
Ce sont les grands déserts d'Arizona , où la nature semble avoir échappé au temps et conserve une altérité qui renvoie à l'Amérique d'avant la Conquête.


Mais c'est aussi la majesté immaculée de certains paysages navajos, chers au coeur du poéte kiowa Scott Momaday, qui recélent par endroits la révélation de la nature absolue. C'est encore le mystére des grands espaces sioux, martelés par les pas des "danseurs du soleil" , immortalisés par le peintre Georges Catlin. Ce sont les villages perdus, égayés par le rythme multicolore des danses rituelles , qui font un moment oublier la misére environnante, dans la ferveur collective, au-delà des grandes solitudes des Badlands, parmi les vastes prairies d'herbe haute. 

La force des paysages américains, c'est aussi l'empreinte d'un passé qui n'est MINNESOTAéteint que dans la mémoire des hommes et que la nature a secrétement préservé. Comme le suggérait paradoxalement, Williams Carlos Williams, "l'Américain moyen est un Indien", un Indien qui aurait perdu son environnement naturel pour un univers industriel, mais qui, par son appartenance au sol américain, n'échappe pas à l'aimant des lieux de mémoire. 


La plus évidente illustration en est la carte des Etats-Unis qui est une évocation muette de l'Amérique indienne.
Plus de la moitié des états portent des noms qui n'ont rien d'anglo-saxon : 

ARIZONA drapeauAlabama, du nom d'une tribu muskogee; 
Arizona, dérivé du papago, qui signifie "petite source";
Connecticut, d'un nom mohegan , pour "longue riviére";
Minnesota, d'un mot sioux désignant , "l'eau trouble"....
Quant à l'Oklahoma , lieu d'exil puis terre d'adoption pour de nombreux Indiens , son nom veut dire en choctaw " terre des hommes rouges".
La liste est longue... et la mémoire s'attache  à certains termes  particuliérement évocateurs
.

 



Mais ils sont rarement commentés dans les livres d'histoire ; que reste-t-il , par exemple, des Algonquins Abenakis ou " peuple du pays de l'aube" sinon la poésie de leur nom? Et rares sont les missionnaires qui firent grand cas de l'orenda, mot iroquois, dépourvu d'équivalent exact dans d'autres langues , qui désigne l'esprit et l'essence mystique qui unit tous les éléments de la Création.  

Nombreux sont les mots qui ont ainsi été oubliés ou détournés de leur contexte. Il y a l'hôtel " Algonquin", la voiture " Cherokee"... et qui pense à un chef indien quand retentit le nom de Seattle dans un aéroport?



FENNIMORE KOOPEREn revanche, d'autres termes semblent s'être gravés à tout jamais dans la mémoire. On pense en particulier à Mohican, terme né de l'imagination de Fennimore Cooper, qui s'inspira de deux groupes existants, les Mohegans et les Mahicans, pour forger une appellation nouvelle et concevoir des Indiens à sa guise.
Si " le dernier des Mohicans" a amplement fait rêver, le mythe de l'extinction ds premiers habitants du Nouveau-monde lui doit aussi beaucoup. Qui veut entendre dire que le dernier des Mohicans n'est pas mort? et que quelques dizaines de Mahicans vivent encore dans le Connecticut ?

La fiction l'emporte ici sur la réalité : au fil des siécles, l'imaginaire a pris le relais des faits hsitorique et le stéréotype a remplacé le large éventail des réalités humaines.


WESTERN cinema
Le passé auquel renvoient ces noms a été expurgé des fantômes des Premiers Hommes grâce à des mythes fondateurs, il a été réinventé à mesure que la réalité indienne glissait dans l'oubli et était remplacée par le mythe du Peau-Rouge. Conforté par l'adhésion enthousiaste de tous ceux qui rêvaient d'une Amérique fabuleuse qu'ils n'avaient jamais vu, le mythe de l'Indien s'est peu à peu imposé partout et a finalement investi le monde de l'enfance , s'ancrant ainsi encore plus profondément dans la mémoire. C'est grâce à la force et - curieusement - à la séduction de ce mythe , qui basculait pourtant souvent dans la simple caricature, que les Indiens n'ont jamais disparu de la mémoire collective. C'est à cause de lui qu'ils ont  pendant longtemps cessé d'exister en tant qu'êtres humains à part entiére dans le regard des autres.( à suivre)


CINEMA CLAC

Terre Indienne -Collection Autrement -  





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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 10:33

BOSQUE HERON


Bosque Del Apache , le fond autrefois marécageux du Rio Grande au sud de Soccoro, est un autre de ces lieux hantés. Aujourd'hui, c'est un parc naturel protégé par le gouvernement. L'hiver y voit resurgir les oiseaux d'eau qui, à leur tour, font renaître le passé.



Durant ces courtes et sombres journées, l'aube point presque plein est :
une lueur qui éclaire le ciel derriére les monts San Andres .
bosque-del-apache-new-mexico-2009bientôt l'horizon s'illumine . Les versants des San Mateos prennent forme dans l'obscurité, de même que la chaîne Noire et les Gallinas au nord. Le Rio Grande est presque à sec en cette saison, les eaux qui s'y déverseront au printemps sont retenues sous forme de neige amoncelée dans les montagnes. Mais, dans la tranquilité du petit jour, on entend le bruit diffus de l'eau qui court et peut-être le grondement étouffé d'un camion tardif qui roule sur l'autoroute à des kilométres de là.
Attendez un instant et vous percevrez autre chose, un bruit que la civilisation a rendu insolite.


Sur les étangs peu profonds et marécageux, les oies des neiges s'éveillent ; d'abord c'est une seule voix, puis une autre, d'autres encore, dispersées ça et là, qui s'enflent en concert. Elles arrachent au repos les bernaches du Canada et la multitude d'oiseaux : fuligules, valisnéries, cols-verts, garrots albéoles, canards pilets, canards siffleurs, harles, poules d'eau. Loin au-dessus des étangs émerge maintenant un nouveau son, l'étrange appel flûté de la grue cendrée sur une seule note.

HARLESFULIGULE 


 








Les Apaches , qui firent de ce bosquet de trembles de Frémont leur lieu  de campement et qui lui donnérent son nom à l'époque où la civilisation occidentale était encore trés loin, par-delà l'horizon, ont dû entendre cette musique matinale. Mais cela se passait il y a des générations, avant que, pour des nuées d'oiseaux partis des nids de l'Arctique , les carabines ne transforment en piéges mortels les chemins migratoires.
 bosque-del-apache-national-wildlife-refuge-san-antonio-nms1

Patientez un instant et vos yeux vous confirmeront ce que vos oreilles vous disent:
vous êtes remonté dans le temps jusqu'à  une époque antérieure aux ravages causés à la planéte par l'espéce humaine. Le ciel est strié de rouge et de jaune derriére les monts Oscuras et les reflets en ont teinté de replis violet pâle les pentes les pentes sans arbres des San Andres.


OIES DES NEIGESDans la faible lumiére, de vastes plans d'eau semblent gelés et recouverts de plaques de neige. Mais tout ce blanc n'est que plumes d'oies: quand j'y suis allé l'hiver dernier elles étaient plus de cinquante mille , auxquelles il fallait ajouter dix mille bernaches et des grues par milliers. Soudain, par bandes et par groupes, elles commencent à prendre leur essor. Une oie des neiges est un gros palmipéde , bruyant qui plus est, dont l'envergure peut atteindre un métre cinquante. Le concert suscité par l'éveil des oiseaux se mue en grondement d'ailes , en brouhaha de cris.


BOSQUE ENVOLS
Pour peu que l'on soit, d'une maniére ou d'une autre, sensible à la beauté et au pouvoir de la nature, je ne pense pas qu'on puisse se tenir sous les trembles dénudés proches des marais de Bosque Del Apache et contempler le vol matinal de ces oiseaux d'hiver sans se sentir subjugué par ce que captent le regard.


GRUE CENDREELà-haut, le ciel s'emplit d'ailes: des
vols entiers et irréguliers d'oies blanches se succédent , les formations plus réduites de bernaches du Canada , plus grosses et plus foncées, cent escadrilles pressées composées de canards et de leurs myriades de cousins des étangs. Le soleil se léve maintenant et certains vols décrivent des courbes suffisamment  haut pour etre accrochés par la lumiére, miroitant sur le fond sombre du ciel matinal.
Les versants des San Andres , devenus d'un gris velouté, composent un arriére-plan à ce kaléidoscope d'oiseaux . Dans les airs, les vols en formation se succédent  et l'on reconnait , entre ceux des oies, les majestueux alignements gris des grues cendrées. La parade de l'aube vous environne, vous engloutit, vous oubliez la horde des camions sur l'autoroute.
 
Rien n'existe plus hormis le spectacle et BOSQUE DEL APACHE
le son qu'offrent les oiseaux ,
leur conversation musicale et les courbes
 qu'ils dessinent en blanc sur fond bleu.


Tel était le monde , il y a bien longtemps .











Loin au nord-ouest, à côté de la "poupe" du Vaisseau de Pierre on peut vivre une autre aventure...(9)

TOKSA AKE , DES BISOUS

VAISSEAU DE PIERRE ship rock 






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13 février 2010 6 13 /02 /février /2010 00:00

(....) Lorsqu'en vous retournant, vous ne distinguerez plus la chaussée, arrêtez-vous, regardez et écoutez...



Vous verrez ce que Remington Frederick comtempla lorsqu'en 1882 il parcourut ce plateau à cheval : un exemple de beauté que le célébre peintre de la Frontiére n'oublia jamais. Vous serez à plus de deux mille métres au-dessus du niveau de la mer, là où l'air raréfié et limpide semble anéantir les distances. Sur l'horizon, à l'est, le pic Pueblo et le mont Lew Wallace se teintent au crépuscule de rouge, de rose et de saumon, une symphonie de couleurs éblouissantes. Au-delà s'étend le lac Bleu, le saint des saints pour les Indiens de Taos, la porte entre les mondes pour leurs esprits kachinas. Au nord culmine la silhouette conique de Ute mountain. C'est là que les chamanes de la tribu des Utes communiaient avec Dieu avant que les Comanches , les Espagnols et, pour finir, les colons ne les chassent de cette immense vallée et ne les repoussent au-delà des Rocheuses. Les contours indécis du mont Blanco se dessinent à l'horizon au-delà de Ute, trait distinctif des Sangre de Cristo. 
UTE MOUNTAIN IN FOG 

(Ute Mountain in fog)

Les Navajos l'appellent Sis Naajini , ou la montagne Coquillage Blanc, et elle marque l'un des angles délimitant leur monde.
Leur récit des origines nous raconte que Premier Homme a étalé une couverture blanche sur la terre et érigé le mont Blanco exactement de la même façon que le mont Taylor. Ici réside Garçon de l'Aube, l'esprit qui accueille la beauté sur la terre des Navajos. Et avec lui habite Shash, l'ours magique qui protége les gens du mal. Dans l'air cristallin, ces repéres se détachent en relief sur fond de ciel et paraissent assez proches pour être atteints en quelques minutes. La sauge s'étend à perte de vue en direction des montagnes et ne laisse pas deviner la moindre dépression, la moindre trace de l'immense fleuve qui a creusé là son canyon. 

ARROYO SECO 2Mais écoutez! Par cette soirée sans un souffle d'air on perçoit quelque chose d'étrange et d'indéfinissable. Ca paraît venir de trés loin : un bruit de tonnerre ininterrompu. Cet inquiétant grondement qui semble monter de la terre elle-même, c'est le fleuve, l'écho lointain d'un milliard de tonnes d'eau qui tombent, s'écrasent sur les énormes blocs de basalte de son lit et rebondissent sur les falaises brillantes à deux cent cinquante métres en contrebas. Mais rien ne signale la présence de l'eau et la distance fait de ce bruit énorme un murmure sans plus de force que celui du sang circulant dans les  oreilles. On jurerait qu'on le perçoit par la plante des pieds, tel le marmonnement souterrain de la Terre Mère en personne. ( photo: Arroyo Seco)


ARROYO SECO( Arroyo Seco)

Cette écoute de la planéte est une sensation qui se grave dans la mémoire. Et pour moi, c'est l'un des lieux qui font de cette région une Terre Sacrée.
Franck Waters a gravé dans sa mémoire de pareils sites. Dans le salon de sa vieille maison d'Arroyo Seco qu'il habite depuis quarante ans, où il est devenu un vieil homme et où il a écrit de nombreux ouvrages qui éclairent les cultures du Sud Ouest aux yeux du monde entier, il m'en a cité deux. 

HOPI EN ALLANT THREE MESAL'un est l'étroite péninsule de pierre qui s'avance vers le sud à l'extrémité de Troisiéme Mesa , à l'Est d'Oraibi.( photo: en allant vers la 3e Mesa ) 

 Tous les quatre ans, au début des cérémonies de Wu'wuchim, durant " la Nuit du Lavage des Cheveux " au cours de laquelle les jeunes Hopis sont initiés dans les kivas religieuses les plus importantes de leur peuple, les esprits kachinas se regroupent autour d'un haut lieu situé là, sous la falaise.
C'est le point de rassemblement d'où ils partent pour entrer dans les villages et tenir leur rôle dans les cérémonies. 

< Il y a en ce lieu quelque chose dont il est difficile de parler en termes IN THE KIVArationnels, m' a expliqué Waters.
J'en ressens simplement l'esprit...
 un caractére sacré qui inspire le respect.> 

Les ruines d'Awatovi lui parlent d'une voix plus triste et sont , elles aussi, associées à Wu'wuchim. On les atteint en quittant Keams Canyon par le sud et en dépassant la pointe sud d'Antelope Mesa. A la fin du XVIIe siécle , Awatovi était l'un des villages hopis les plus importants, rivalisant avec Oraibi par l'autorité et le pouvoir de ses sociétés religieuses. Il abritait peut-être huit cents personnes, l'essentiel du clan du Fût de la Fléche et des éléments appartenant aux clans du Blaireau, de l'Aigle, du Soleil, du Tabac et du Perroquet.

WALPI FIRST MESA

( Walpi - 3e Mesa )

Les archives espagnoles et les légendes hopis nous relatent qu'en 1700 un missionnaire franciscain du nom de juan Garaycoechea, arriva à Awatovi. Avant de repartir, il avait converti soixante-treize de ses habitants au christianisme. Tapolou, un chef religieux du clan du Soleil, craignant que ce manquement aux rites traditionnels ne détruisit le pouvoir des cérémonies hopis, réunit des chefs religieux des autres villages et soutint qu'Awatovi et ses habitants devaient être anéantis. Des guerriers venus d'Oraibi, de Shongopovi, de Mishongnovi et de Walpi s'introduisirent de nuit dans le village pendant que les hommes se trouvaient dans les kivas souterraines afin de préparer Wu'wuchim. Ils retirérent les échelles et massacrérent les villageois, pris au piége sous une pluie de fléches, achevant les éventuels survivants en lançant des touffes d'arroche enflammées par les ouvertures des toits. A l'exception de quelques femmes et enfants répartis dans d'autres villages pour y être adoptés, tous les habitants d'Awatovi furent massacrés; les meules et les poteries brisées. HOPIS FEMMES

Lorsque J.W Fewkes fouilla les ruines en 1892, il rapporta à la Smithsonian Institution qu'il avait trouvé " la terre littéralement pétrie d'ossements" ... Fewkes raconta qu'il n'avait pu pousser la fouille d'une kiva plus avant " en raison de l'horreur éprouvée par les ouvriers devant la profanation de cette chambre cérémonielle". 
Pendant qu'il préparait son Livre du Hopi , devenu un classique , Waters vécut trois ans parmi eux. Il les connait mieux que tout autre Blanc, adore leur culture et comprend quelle épouvantable cicatrice cette atrocité a laissée dans la mémoire d'une tribu qui pu se prévaloir - à juste titre et durant un millénaire entier - du nom de "Peuple Paisible" . Pour Waters, le site d'Awatovi est un lieu hanté. 


< On reste abasourdi à l'idée de ce qui s'est passé et on sent ce fardeau qui vous écrase . La présence palpable de l'affliction. >


SAGUARO



BONNE NUIT LES Z 'AMIS !!!!

 

TAOS-Plateau-Panoramic
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22 janvier 2010 5 22 /01 /janvier /2010 11:49

??????????????????????????????????? DEFORESTATION

 




Notre monde occidental a pour régle de juger le génie des civilisations à l'ampleur des traces qu'elles laissent derrière elles : monuments, églises , fortification militaires , etc.
A cette aune-là, la civilisation indienne ne pèse pas bien lourd et sa disparition peut paraître un détail de l'Histoire.
Pourtant, ces peuples ont parlé avant d'être définitivement vaincus. Et nous restons confondus devant ces bribes de voix et ce qu'elles laissent présager de leur spiritualité.
Ces hommes (qui ne bâtissaient ni pyramides nicathédrales) avaient trouvé leur juste place dans le cosmos, au sein d'une Nature qu'ils respectaient et adoraient. Ils ne cherchaient pas à accumuler richesses et bien-être, mais à se forger une âme forte en harmonie avec le monde. Savoir s'intégrer respectueusement à l'univers des forêts ou des plaines, savoir reconnaître  l'étincelle du sacré dans chaque parcelle de vie... voilà l'essentiel de leur philosophie.
Quand on sait la cupidité qui animait les conquérants venus d'Europe, on comprend que le dialogue était impossible entre deux maniéres aussi opposées d'envisager l'existence. Cependant, face à l'avancée impitoyable des colons, les Indiens d'Amérique ont sans cesse recherché un consensus qui leur permettrait de continuer à vivre en paix selon leur antique maniére... Mais pour l'homme blanc, il n'y avait pas de consensus possible en dehors de la déportation et de l'extermination. Et c'est sans doute là l'un des aspects les plus poignants des textes que nous publions : des hommes cherchant à s'expliquer, à se faire comprendre face à des sourds qui ne veulent pas entendre... et qui préjugent orgueilleusement de leur qualité de < civilisés > pour s'arroger tous les droits.
On sait à quel cortége de crimes ( massacres,spoliations,traités signés et aussitôt bafoués...) la confrontation a donné lieu. Mais il n'est plus temps de pleurer sur l'anéantissement physique du monde indien, il n'est plus temps de rager sur un génocide aussi abominable que stupide; l'urgence est aujourd'hui de s'interroger sur ce que leur spiritualité ( que l'on retrouve vivace au travers de ces écrits) peut apporter à l'avenir de l'homme.
Face au désarroi dans lequel se trouve plongé notre monde matérialiste, la sagesse indienne apparaît comme une source toujours vive (...) cherchant à mettre à la portée de tous les textes clés de la spiritualité éternelle.

de Michel Piquemal < Paroles indiennes" chez Albin Michel - Carnets de sagesse
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21 janvier 2010 4 21 /01 /janvier /2010 00:00

L'écosystéme de la ligne de partage des Rocheuses est, ou plutôt était, territoire blakfeet. Celui-ci s'étendait des montagnes Rocheuses aux montagnes des Bears Paw, du Canada au nord jusqu'à la région de Yellowstone située au sud du Montana.

PARC-NATIONAL-DES-MONTAGNES-ROCHEUSES.jpg
( CLIC PHOTO POUR VISITER  LE PARC NATIONAL !!! )



Leurs seuls véritables rivaux étaient les Crows et les Shoshones au sud ainsi que les Assiniboines et les Gros Ventres à l'est. Quant aux Salishs, ils vivaient à l'ouest, de l'autre côté des montagnes.
Les Blackfeets formaient une tribu trés redoutée. Ils guerroyaient constamment contre leurs voisins. Le capitaine Meriwether Lewis ( celui des célèbres Lewis and Clark) disait que les Blackfeets étaient la seule tribu contre laquelle ils se servaient d'armes. Même les Sioux se montraient plus amicaux.
Les Blackfeets étaient aussi trés admirés. Le peintre et écrivain Georges Catlin écrivait en 1832 :

< Au cours de mes voyages, j'ai plus que vérifié mes anciennes prédictions, à savoir que ces Indiens (des plaines) que l'on trouve presque à l'état de nature et qui ignorent pratiquement tout de la société civilisée seraient trés propres de leur personne, élégants dans leurs vêtements et leurs maniéres, et qu'ils profiteraient de la vie à un point de perfection.Parmi ces tribus, les Crows et les Blackfeets se détachet , et personne ne serait à même d'apprécier la richesse et l'élégance avec lesquelles certains d'entre eux s'habillent, à moins de les voir dans leur propre pays. >

Il est assez ironique de constater que l'un des traits les plus frappants du territoire blackfeet est dû à la main de l'homme : 
la Old North Trail. 

Cette piste , qui longe le versant oriental des montagnes Rocheuses, va du Canada au Mexique. On dit qu'elle date de l'époque où le peuple des origines est passé d'Asie en Alaska et a continué vers le sud à la recherche de climats plus chauds. Elle remonte à la derniére période glaciaire , et a été réguliérement utilisée jusqu'à une époque récente, c'est-à-dire vers la moitié du XIXe siécle. Les Indiens commerçaient le long de cette route, et ce n'est que dans certaines régions du Montana, entre Augusta et Browning, qu'elle est encore visible. Volià qui prouve combien la structure géologique est précaire dans cette partie des Rocheuses.

Je me souviens d'une anecdote qui donne une idée de l'ampleur qu'avaient le commerce et la circulation des hommes dans l'ancien temps. Il y a près de soixante ans, une famille de métis qui habitait le long de l'Old North Trail à l'entrée du canyon du bras sud de la Teton River, prés du ranch Circle 8 , a trouvé sur ses terres une piéce d'or.
Sur les conseils du célébre journaliste et historien Joseph Kinsey Howard, ils ont envoyé la piéce au Smithsonian Museum qui la leur a retournée avec une note indiquant qu'elle datait de l'époque de l'empereur romain Hadrien qui régna de 117 à 138 de notre ére. On émettait l'hypothése qu'elle aurait pu appartenir à un explorateur espagnol qui l'aurait perdue quelque part au Mexique et qu'elle aurait ensuite remonté étape par étape la route du commerce jusqu'au Montana. L'homme qui l'avait trouvée, un nommé Bruno, la conserva comme porte-bonheur.Peut-être que l'Espagnol avait fait de même à son époque. La piéce était déjà vieille de mille quatre cents ans lorsqu'elle était arrivée sur le continent américain, et elle devait constituer une monnaie plutôt rare. 
En dépit de l'Old North Trail, la nature semble a priori intacte. 

ELK-fight-trail-ridgefunny-GRIZZLYbear 8179 

Les hautes montagnes sont protégées par les Bob Marshall Wilderness, Scapegoat Wilderness et Glacier National Park. Les plaines qui débouchent à l'est des contreforts montrent des signes d'activités traditionnelles: l'élevage et l'agriculture. Depuis que les premiers colons ont occupé la terre des Indiens, la plupart des ranchs se transmettent de génération en génération . Nombre d'entre eux sont vastes et prospéres. Nombre de fermes aussi, mais pas toutes. Prés des contreforts, à l'ouest de la ville de Choteau, on voit encore les vestiges d'une trés grande exploitation où l'on cultivait le blé. Les bandes de terre retournée et criblée d'éteules rappellent les propriétés abandonnées avec leurs champs, leurs barbelés et leurs bâtiments en ruine. Pourtant, ces tentatives pour introduire la culture du blé sont assez récentes. Il est évident que l'échec tient au fait que, dans cette région,le sol ne nourrit que les herbes indigénes.Il est de même évident , et c'est fort triste, que ces bandes seront encore visibles dans cent ans.

GLACIZER NATIONAL PARK prés de choteau
( Glacier National Park prés de la ville de Choteau)

Les propriétaires de ranchs dans le nord du Montana constituent un groupe indépendant, et ils s'imaginent que Dieu leur a donné le droit de dominer la nature, ce qui a créé des problémes avec les grizzlis, les garde-pêche et les gardes-chasse ainsi que les écologistes. Les ours aiment bien descendre de temps en temps des montagnes pour changer un peu de régime alimentaire, lequel se compose normalement de baies, de pousses et d'insectes. Malheureusement, il leur arrive de s'en prendre au premier troupeau de bétail qu'ils rencontrent et de dévorer un veau ou une vache malade, mais plus ssouvent la carcasse d'un animal mort dont on ne s'est pas débarassé. Les ours, en effet, ont une prédilection pour le goût de l chair morte. Quoi qu'il en soit, les propriétaires n'apprécient guére que les grizzlis rôdent autour de leurs troupeaux, et ils les tuent chaque fois qu'ils le peuvent.
En fait, la plupart considérent l'ours comme la forme de vie la moins évoluée, le mal incarné, et seraient ravis de voir cette espéce en danger définitivement rayée de la liste. Ils ne se gênent pas pour parler d'extinction.

PINE Butte Swamp Preserve
( réserve naturelle de Pine Butte Swamp-
-clic photo pour découvrir le lieu!- )

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Le regretté A.B. Guthrie Jr. , auteur de La Captive aux yeux clairs........ ( suite 3) 
 

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19 janvier 2010 2 19 /01 /janvier /2010 11:03

NOTES DE LECTURE

Ces extraits n'ont pas pour but d'épargner au lecteur paresseux ou pressé la lecture de l'intégralité du livre, mais au contraire de l'inviter à en déguster quelques tranches par le menu, pour autant qu'il sache en apprécier la fraicheur apéritive. (...)

par François Garagnon


 



BOUGIE

AIMER EN VERITE



-C'est quoi aimer?
 -C'est avoir envie de faire plaisir rien que pour le plaisir de faire plaisir...

-Une personne, c'est un peu comme un paysage. Si vous l'aimez vraiment, vous n'avez pas besoin qu'elle soit tout le temps au beau fixe pour l'aimer...

-Si chacun s'enferme chez soi parce qu'il craint la pluie,alors les saisons passent de façon monotone, chacun reste à l'abri des plus beaux états d'âme de la nature, qui, dans l'âme humaine, s'appellent les passions...

-La vie, c'est une grande histoire d'amour, et les gens la ratent parce qu'ils aiment pas assez...

-On reconnait l'amour véritable à ce que le silence de l'autre n'est plus un vide à remplir, mais une complicité à respecter...

-Ce que tu dois aimer dans l'autre, ce n'est pas son reflet, ce n'est pas le reflet de toi-même, c'est le reflet de " Dieu" ... 


 

J'ai voulu partager cette lecture rafraichissante avec vous et je vous conseille de le lire , le garder prés de vous pour, de temps à autre, en lire quelques lignes...
Dieu est un mot qui désigne L'Immensité, Le Créateur , Wakan-Tanka... une signification universelle .
Des paroles d'une grande humanité...
avec sagesse et humilité.

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17 janvier 2010 7 17 /01 /janvier /2010 18:30

Parmi les histoires que racontent les Blackfeets celle de leurs origines est vraie.
On dit que le Vieil Homme est venu du sud et a commencé à créer les choses. Il a créé les montagnes, les fleuves, les prairies, les arbres et les taillis. Il a créé  l'herbe, les racines et les baies. Aprés quoi, il a ajouté les animaux, le mouflon, l'antilope, le bison, le loup et tous les autres quatre-pattes. Il a créé ceux qui volent dans l'air et ceux qui nagent dans l'eau.
Et puis, un jour, il a regardé ses créations et décidé qu'il avait besoin de quelques deux-pattes. Il a donc pris une motte d'argile sur la berge d'un fleuve et l'a modelée pour façonner deux figures : une femme et un enfant. Il les a enfouies sous les broussailles, puis il est parti.

BISON AIGLE blackhorsetrading

Le quatriéme jour, il est revenu, les a déterrées et leur a dit de se lever et de marcher. Il leur a dit qu'il s'appelait Napi, Vieil Homme.
D'aprés l'histoire, la femme a demandé :
< Que va-t-il se passer? Allons-nous vivre éternellement? Il n'y aura pas de fin? >
Napi a reconnu qu'il n'y avait pas pensé. Il a pris un éclat d'os de bison et a répondu à la femme:
< Je vais lancer cet éclat d'os de bison dans le fleuve. S'il flotte, quand les hommes mourront, ils ressusciteront quatre jours plus tard. En revanche, s'il coule, la vie des hommes aura une fin. >
Il a donc lancé le bout d'os dans le fleuve, et il a flotté. Mais la femme a saisi une pierre et a dit:
< Non, je vais lancer cette pierre dans le fleuve. Si elle flotte, nous vivrons éternellement, si elle coule, les hommes devront mourir pour qu'ils puissent toujours pleurer les disparus. >
Elle a lancé la pierre dans le fleuve, et la pierre a coulé.
< Eh bien voilà, a dit Napi, tu as choisi. Leur vie aura une fin. >

Les hommes naissent et meurent, mais le pays que Napi a créé n'a presque pas changé. Napi s'est retiré dans l'Epine Dorsale du Monde, les Montagnes Rocheuses, à peu prés à l'endroit où se trouve aujourd'hui le Glacier National Park.

EAR MOUNTAIN
(Ear Mountain)

C'est le pays d'où je viens. Je suis né sur la réserve blackfeet , et je suis membre de cette tribu. Mon arriére-grand-mère, Femme Peinture Rouge, vivait au temps où il y avait encore des troupeaux de bisons. Je ne l'ai pas connue, mais elle a raconté à mon pére des histoires qu'il m'a transmises. La plupart étaient des histoires heureuses d'une époque plus heureuse , celles des étés où elle cueillait des baies le long de la riviére des Deux Medecines, celle du jour où son mari avait ramené beaucoup de chevaux pris aux Crows, celle du jour où elle a eu son premier enfant, ma grand-mère. L'une d'elles , pourtant, parle du conflit qui a éclaté lorsque les Blancs ont commencé à affluer et à chasser les Blackfeets des plaines pour les repousser vers les contreforts est des montagnes.
L'histoire parle d'un massacre où 173 hommes, femmes et enfants blackfeets ont été tués par les soldats de l'armée des Etats Unis. Cela s'est passé sur la Marias River le 23 Janvier 1870 à l'aube. Les soldats avaient été envoyés afin de punir les Blackfeet, car des jeunes qui voulaient continuer à être des guerriers avaient violé le traité. Ils attaquaient les fermes, les ranchs et jusqu'aux champs auriféres autour de Virginia City. Des blancs avaient été tués, des chevaux et des mules volés, de la poudre d'or emportée.

Le 1er Janvier 1870, un certain général Sully rencontra des chefs de la tribu pour leur dire que les raids devaient cesser, que tout ce qui avait été volé devait être restitué et les coupables livrés aux autorités militaires. Il leur lut une liste de ce qu'ils exigeaient. Il ignorait apparemment que les chefs possédaient peu de pouvoir sur des jeunes gens qui partaient pour se gagner des honneurs, se faire un nom et acquérir des richesses. Les chefs menaient leur peuple par la sagesse, le charisme et le paternalisme, mais ils n'avaient pas d'influence sur ceux dont le comportement allait à l'encontre du bien de la tribu. Aussi, tout en se pliant aux exigences de Sully, ils savaient qu'il serait impossible de les satisfaire .
L'un des chefs s'appelait Coureur Puissant, et il avait acquis la réputation de se montrer conciliant à l'égard des Blancs, au point de porter préjudice aux intérêts de la tribu. Mon arrière-grand-mère était membre de sa bande.
Montana004MARIAS RIVER
( La Marias River)

La bande que les soldats désiraient punir était celle des Plusieurs Chefs, conduite par Chef Montagne. Le jeune guerrier le plus hostile aux Blancs, Enfant Hibou, appartenait également à cette bande. Il avait mené de nombreuses expéditions contre les Blancs, et surtout contre ceux qui s'étaient installés sur les terres blackfeets en violation de différents traités. De fait, le territoire blackfeet avait été amputé au moins à quatre reprises par ces colonies illégales. Enfant Hibou considérait les Blancs installés sur sa terre comme des ennemis, et ses propres chefs comme des traites.
Les soldats, commandés par le Colonel Eugene Baker, quittérent Fort Shaw sur la Sun River et se dirigérent vers le nord au coeur d'un hiver particuliérement du Montana. Il faisait -30°. Les hommes chevauchérent quatre jours et arrivérent peu avant l'aube sur une crête qui surplombait le campement endormi de Coureur Puissant au bord de la Marias River. Celui-ci, au cours de sa rencontre avec le général Sully, avait obtenu un papier disant qu'il était un ami des Blancs. Quand la fusillade éclata, raconte-t-on, le vieux chef se précipita hors de son tipi en agitant le document. Il faut parmi les premiers à tomber. La plupart des autres furent tués dans leurs tentes, dont un grand nombre pendant leur sommeil. Les soldats tirérent des milliers de cartouches, et l'aube devint bleue de fumée. Aprés quoi, ils pénétrérent dans le camp, coupérent les attaches des tipis et mirent le feu alors que la plupart des corps se trouvaient encore à l'intérieur.

BLACKFEET CAMPEMENT
( campement Blackfeet)

Mon arrière-grand-mère faisait partie d'un petit groupe de femmes et d'enfants qui réussirent à s'échapper en direction de la riviére qu'ils remontérent le long de la berge à pic. Bien qu'elle fût presque encore une enfant, elle attira l'attention de l'un des tireurs postés sur la crête. Elle reçut une balle dans la jambe, mais, grâce à l'aide de ses amis, elle parvint à continuer. Mon père dit qu'elle a ensuite boité toute sa vie. Je regrette de ne pas l'avoir connue. Elle refusait de parler anglais, et pourtant elle avait assité à la quasi-destruction de sa culture par les conquérants blancs qui interdisaient aux Blackfeets de parler leur langue et de pratiquer les anciennes cérémonies.

L'écosystéme de la ligne de partage des Rocheuses... ( suite 2)

GOLDEN EAR MOUNTAI


                           ( Golden Ear Mountain _ Montana )

De James Welch : Le Pays d'où je viens...


Extrait de "Terres D'Amérique"
de Jim Harrisson et James Welch

chez Albin Michel 

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9 janvier 2010 6 09 /01 /janvier /2010 15:45

... A White Sands ,

 BASSIN TULAROSA white sands ( bassin de Tularosa - White Sands )

 

...par une nuit d'hiver, la guérite est désertée, la route d'accés aussi vide que si ma voiture n'avait jamais existé. Il n'y a pas un souffle de vent dans la nuit. La lune s'est couchée mais la lueur des étoiles se refléte sur les congéres des monts San Francisco et des monts San Andres.
Loin vers le nord, la Sierra Blanca semble rayonner. Le craquement intermitent de mes chaussures sur le gypse froid constitue l'unique bruit dans un univers vide et silencieux comme l'Antartique. A quelques centaines de mètres de la route, des empreintes sur les dunes blanches sont les seules traces concrétes de vie sur la planéte.


( Dune à White Sands) WHITE SANDS PLANTE DUNEWHITE SANDS PLANTE DUNE
 

Les thérapeutes recherchent un effet similaire à cette pratique d'isolement absolu en plongeant leurs patients dans une eau chauffée à la température du corps humain, et en les laissant coupés de toute lumiére et de tout son. Ils appellent cela la suppression des stimulations sensorielles.
Mais à White Sands , en hiver, à minuit, on se trouve dans cet isolement sans avoir recours à un tel procédé. Aucune lumiére n'est visible, qu'elle vienne d'une route ou d'une fenêtre, mais le ciel étincelle d'étoiles, et cet éclairage suffit pour trouver son chemin à travers les dunes isolées. Si on en gravit une pour se tenir à son sommet, on contemple ce que suggérent l'humeur et l'imagination du moment :
la solitude épouvantable de l'unique survivant au monde , l'incroyable beauté dont Maheo, le Créateur tout puissant des Cheyennes, a paré la planéte quand il  la façonna au creux de sa paume; ou encore une symétrie des formes et des lignes tracées par le vent sur les dunes , et une harmonie de couleurs adoucies sous la lumiére des étoiles propres à inspirer un peintre abstrait.

( Sangre De Cristo )SANGREDECRISTO


De l'autre côté du bassin de Tularosa, visible du fond de cet ancien lac, se dresse une crête où les premiers chasseurs campaient pour guetter le gibier. Ils ont recouvert les gros blocs rocheux de pétroglyphes abstraits dont beaucoup rappellent l'oeuvre de Klee et de Picasso.
Il existe là un esprit qui encourage l'homme à créer la beauté.
SANGRE DE CRISTO
( Sangre de Cristo en été...)

Le début de l'été est la meilleure saison pour découvrir un autre de ces lieux qui semblent toujours me parler. Il s'agit du plateau de Taos, formé par cette plaque de lave ancienne qui, il y a des millénaires, emplit la vallée située entre les monts Taos, dans les Sangre de Cristo, et les Brazos vers l'ouest. Des éruptions plus tardives l'ensevelirent sous des couches de cendres, érigeant çà et là leurs icônes de scories, et le Rio Grande la transperça de sa grandiose gorge noire. A cette période de l'année, le ruissellement atteint son apogée et l'eau provenant de la fonte des neiges sur les hauteurs du Colorado se rue vers l'aval dans un rugissement . La meilleure heure correspond au crépuscule d'une de ces journées où les nuages s'assemblent au-dessus des Sangre de Cristo et lorsque les reflets du soleil couchant les teintent de rouge. Partez de Tres Piedras par la route 64 et roulez vers le sud en direction de Taos. Enfoncez-vous à pied dans cet univers de sauge, de chamisa, d'herbes-aux-serpents et de bouteloue qui couvre le plateau.
Lorsqu'en vous retournant, vous ne distinguerez plus la chaussée , arrêtez-vous , regardez et ...écoutez.

SANGRE DE CRISTO LEVER SOLEIL

( Sangre de Cristo au lever du soleil...)


BELLE ET DOUCE NUIT  ! je vous laisse rêver .................
La Suite trés bientôt!

DES BISOUS                          TOKSA AKE

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7 janvier 2010 4 07 /01 /janvier /2010 11:12


Chaque jour, de ma maison située au nord-est d'Albuquerque, je vois cette montagne. Elle se dresse à l'ouest sur l'horizon, bleue en raison de la distance. Pendant ce que les Navajos appellent, " la Saison où Dort le Tonnerre " elle porte une calotte neigeuse. Au printemps, battue par les vents, elle se pare d'une écharpe de nuages qui volent dans les airs et, quand Août apporte la mousson au sud des Rocheuses, c'est de son sommet que partent les immenses nuages d'orage d'un bleu noir.

MONT TAYLOR MORA VALLEY 
(Mont Taylor et Valley Mora)

Les jours où les fumées d'Albuquerque occultent la vallée du Rio Grande , la silhouette bleue de la montagne donne l'impression de se séparer de la terre et de flotter au dessus de la brume grise. Et, en ces rares occasions où des rideaux de pluie dérivent sur la plaine et cachent Tsoodzil, elle reste présente à mon esprit: je la connais par coeur. Elle change avec mes humeurs: parfois silhouette indigo se détachant sur le flamboiement éblouissant du crépuscule, parfois dents de scie d'un bleu glacial sur l'horizon. Mais elle me rappelle toujours le monde des esprits navajos.

navajo astronomy
( Navajo Astronomie )

Dans la genése de l'humanité telle que la conçoivent les Navajos, c'est sur cette montagne Turquoise que Tueur de Monstres et Né de l'Eau, les jumeauxde Femme-qui-change, occirent le géant appelé Ye-itso à l'aide de fléches magiques provenant d'éclairs dérobés au Soleil. Ainsi commença leur odyssée, destinée à rendre assez sûre Diné Bikeyah pour que les humains puissent l'habiter. Les monstres qui infestaient la Terre Sacrée navajo étaient nés du manque d'harmonie avec la nature. Premier Homme et Premiére Femme s'étaient querellés, avaient défié les lois de la nature et cédé à la tentation de vivre sans le sexe opposé, engendrant ainsi, par leur attitude , les monstres destructeurs de l'humanité. Les récits poétiques dans lesquels les Navajos relatent l'asservissement des monstres constituent leur métaphore de la rédemption , de la capacité des hommes à transcender les appétits malsains qui rompent l'harmonie de la Voie navajo.

Que nous puissions ou non trouver des correspondances entre ces repéres géographiques et notre propre théologie, il me semble qu'à sa maniére ce paysage désert parle à nombre d'entre nous. Personnellement, il m'a fourni ma liste de lieux privilégiés, et je connais bien des gens qui peuvent dire la même chose.
Pour Norman Zollinger, c'est le bassin Carrizozo , au sud de la partie centrale du N-M. Il l'a d'abord vu sous l'aspect d'une zone réservée aux exercices de bombardements quand il faisait son instruction dans l'armée de l'air pendant la Seconde Guerre, et il y est revenu pour l'utiliser comme cadre de ses romans.
Oliver Lafarge a situé son premier roman chez les Navajos , mais son coeur
penche pour la vallée pauvre de la Mora.
 
MORA VALLEY CHURCH
( Mora Valley Church )

Pour le poéte et essayiste Haniel Long, les emplacements sacrés étaient partout. Long se rappelait avoir vu les koshares danser sur la plaza du pueblo de Cochiti pour appeler la pluie, et tout à coup, elle se mettait à tomber , brouillant les rayures cérémonielles noires et blanches dont les membres de cette fraternité sacrée se peignent le corps. Il se souvenait d'un koshare faisant une chute, s'ouvrant la hanche, ignorant la douleur, buvant la pluie recueillie dans ses mains, tout entier à sa jubilation. 
Des années plus tard , il écrivit: " Ce koshare est une frise vivante dans mon esprit. Il se multiplie en d'incomparables apparitions sur le vert des arbres au bord des fleuves, devant les éclairs en nappe qui illuminent les collines." 

Et sur Cienega, il écrivit:
<< Je revois tout; et cependant, se peut-il que ces maisons soient si rouges? Se peut-il que les chiens avec lesquels jouent les enfants soient si blancs? Se peut-il que les collines Cerillos aperçues à travers un arroyo conduisant aux cieux , soient si bleues? Peut-être Ceniega est-il un enchantement. Et lorsqu'on croit s'en approcher entre les murailles de roche bleue, peut-être ne s'en approche-t-on nullement, peut-être revoit-on un rêve ancien. Personne,assurément ne peut être certain d'avoir visité Cienega; les gens ne se disent-ils pas: "Etait-ce une vision ou ai-je à un moment ou à un autre assisté au crépuscule en pareille vallée ? >>

Pour beaucoup d'entre nous, il est d'autres endroits, en ces hautes terres arides à l'air limpide, qui semblent se graver dans la mémoire come la pluie sur la plaza de Cochiti et la tombée du jour sur Cienega.
Ma propre mémoire est riche de lieux sacrés qui me sont personnels...

WHITE SANDS NATIONAL MONUMENT sud du N.M
( White Sands )

A White Sands ... (..à suivre..)

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