A la veille de la commémoration du premier voyage de Christophe Colomb vers le Nouveau Monde , l'anniversaire de la mort de taureau Assis a une valeur de symbole, qui souligne la catastrophe que fut l'arrivée des premiers Européens sur le territoire des Amérindiens.
( SITTING BULL - 1830-1890)
Depuis cette premiére rencontre, jusqu'aux temps modernes, la défaite des Nations Amérindiennes, sur toute l'étrendue du continent américain, a été précédée par une catastrophe écologique.
Cette idée n'est pas neuve : dès le 16e et le 17e siécle, la plupart des grands chroniqueurs qui ont été à l'origine de nos "sciences humaines" , Las Casas, Mendieta, Torquemada, ne disent pas autre chose quand ils cherchent à faire comprendre à leurs comtemporains que la conquête du Nouveau Monde n'est pas un bienfait mais véritablement un désastre.
Les massacres, les famines, les épidémies sont les manifestations les plus visibles d'un déséquilibre qui annonce la fin de ces civilisations, la désolation des terres nouvellement conquises et, d'une certaine façon, notre propre ruine. Le père José de Acosta démontre avec un réalisme qui touche au cynisme l'ampleur de cette catastrphe : en détruisant les Indiens, dit-il, les Espagnols ne font que préparer leur propre châtiment, puiqu'ils se privent des richesses que Dieu leur avait réservées.
( des sauvages sans foi, ni religion ..???????????!!!!!!!!! )
Cette catastrophe et cette destruction qui marchent le long du nouveau continent du sud au nord ne sont pas le résultat d'un hasard. En fait, le but de la conquête ( par les espagnols et les portugais d'abord, puis les anglais et les français) est l'appopriation de cette " virginité " qui donne aux conquérants de l'Ancien Monde opportuniste et rationnel le droit d'en abuser jusqu'aux limites. Les premiers voyages des conquérants ne sont rien d'autre, en dépit des apparences, que des entreprises lucratives, tout à fait semblables aux expéditions coloniales de la fin du 19ésiecle.
Avant de se lancer à l'aventure , les " découvreurs " cherchent des capitaux pour acheter hommes, armes et vaisseaux, et faire provision de ces caisses de pacotilles et de verre filé qui leur permettront de s'approprier des terres et des esclaves.
Ils s'endettent, s'engagent sur la promesse des butins à venir, recrutent leurs équipages dans les prisons. Ils signent des traités par lesquels ils se répartissent les richesses et les peuples dont ils ignorent encore l'existence - le monstrueux traité entre Pizarre, Luque et Almagro. Pour rembourser ces mises de fonds, les conquérants doivent exploiter sans aucun frein les richesses conquises, afin d'en retirer dans le minimum de temps un bénéfice considérable.
C'est cette volonté de gaspillage systématique qui caractérise la mentalité des premiers voyageurs européens , et c'est elle qui entretient chez les colons, jusqu'aux temps modernes , le mythe de l'inépuisable Amérique.
Pourtant, autour d'eaux, tout dément le mythe : la famine, les épidémies, l'appauvrissemenr du sol, les forêts dévastées, les lacs asséchés, la disparition des espéces animales , et surtout l'effondrement démographique des populations amérindiennes. En l'espace de quelques décennies, des régions qui comptaient des centaines de milliers d'individus sont réduites à quelques poignées d'esclaves ou de " renégats ".
( lesquels sont pires que des animaux ?????????? )
La volonté destructrice des conquérants forge d'une certaine façon l'unité politique des survivants du monde amérindien. Contrairement ax idéalistes restés en Europe, les colons espagnols ou anglo-saxons aiment à dépeindre l' Indien américain comme un être dépravé, sans loi ni religion, à peine différent de l'animal.
< Brutos amimales > dit le père Andres Perez de Ribas à propos des nations semi-nomades de l'Ouest mexicain. Et les agents du "Bureau of indians Affairs" expriment ce mélange de commisération et de mépris avec lequel ils traitent les Indiens insoumis de la Frontiére :
< notre détermination aujourd'hui dit être de ne jamais relâcher l'usage de la force envers des populations à qui on ne saurait faire davantage confiance qu'à des bandes de loups errant à travers les montagnes>
(....)
( premiére partie de l'hommage de J.M.G. Le Clézio : Terre Indienne -1998- )