( ... ) Une brume sombre s'étendait sur les Black Hills. Le sol semblait de fer. Au faîte d'une colline, j'aperçus la Tour du Diable s'élevant dans le ciel gris comme si, à la naissance du temps , le noyau d ela terre en avait percé la croûte , mettant le monde e mouvement. Certains éléments de la nature engendrent un calme extraordinaire dans le coeur des hommes : la Tour du Diable en fait partie. Il y a deux siécles, les Kiowas firent de ce rocher une légende - peut-être ne pouvait-il en être autrement.
Ma grand-mère me raconta :
<< Il était une fois huit frères et soeurs, sept filles et un garçon , qui jouaient. Soudain le jeune garçon perdit l'usage de la parole ; il fut pris de tremblements et se mit à courir à quatre pattes. Ses doigts se changérent en griffes et son corps se couvrit de fourrure. Ses soeurs étaient terrifiées ; elles 'enfuirent en courant, et l'ours les poursuivit. Elles atteignirent un arbre et celui-ci leur parla. Il leur ordonna de grimper sur son tronc et , tandis qu'elles s'exécutaient , il s'éleva dans les airs. L'ours se rua sur les fillettes pour les tuer mais elles étaient hors d'atteinte. Il s'arc-bouta contre le tronc et laboura toute l'écorce de ses griffes. Les sept soeurs furent emportées dans le ciel et devinrent les étoiles de la Grande Ourse. >>
A partir de cet instant, les Kiowas eurent des amis très chers dans le ciel nocturne - il en sera ainsi tant que vivra la légende. (... )
extrait du livre de N.Scott Nomaday :
Le Chemin de la Montagne de Pluie.
-Dans ce livre, Moamaday raconte les mythes kiowas tels qu'ils les a appris de sa grand mère et médite sur le sens qu'ils peuvent prendre à la lumiére de l'histoire indienne contemporaine. Il décrit avec nostalgie le monde indien de son enfance. Récits mêlés, empreints de poésie, de tendresse et de dignité.-