<< Quel est ce cri? cette voix que le vent apporte; il est pareil à un rêve qui parvient à la conscience du rêveur , comme une voix désincarnée...
C'est l'un des rêves les plus forts qu'on puisse faire.
Dans "mes" traditions culturelles, on considére que ce que dit cette voix en rêve vient directement de l'âme.
Les rêves de voix désincarnée, peuvent, dit-on, se produire à tout moment, mais ils ont lieu surtout quand une âme est en détresse. Alors le Soi profond monte et l'âme de la femme parle, lui dit ce qui va se passer. Si nous ne venons de notre propre chef, si nous ne prêtons pas attention à nos propres saisons et au temps du retour, alors l'Ancienne vient nous appeler jusqu'à ce que quelque chose en nous réponde.
Il est lancé à chaque fois que tout est " Trop "- dans un sens positif ou négatif - . Le temps de revenir chez soi peut être venu aussi bien quand il y a trop de stimulations positives que lorsque la dissonance est continue.
Peut-être se consacre t-on trop à quelque chose, ou bien quelque chose nous épuise, ou peut être trop aimée, trop peu aimée, avoir trop de travail ou trop peu.... l'un comme l'autre coûte cher.
Face au " trop ", notre coeur se déssécje progressivement, notre coeur se lasse, l'énergie se fait rare et un mystérieux désir de .... de ce que nous nommons généralement " quelque chose" monte en nous. Alors l'Ancienne nous appelle....
Le sommeil agité de l'enfant est le tableau exact de l'agitation de la femme qui éprouve la nostalgie de regagner son appartenance psychique originelle...
L'agitation de la femme est souvent accompagnée d'irritabilité. Elle a l'impression d'être " perdue " , un peu, beaucoup, car elle est restée trop longtemps loin de "chez elle". Ce sentiment est normal, car il transmet le message qui dit :
" Reviens maintenant..." .
La femme est déchirée parce que , consciemment ou inconsciemment, elle entend que quelque chose l'appelle, lui demande de revenir et elle ne peut lui dire non sans se faire du mal. Si nous ne rentrons pas à temps, l'âme vient nous chercher, comme nous le voyons dans ce poéme intitulé " La femme qui vit sous le lac" ..
<... une nuit
un battement de coeur à la porte.
Dehors, dans le brouillard, une femme,
cheveux de brindilles et robe de plantes aquatiques,
ruisselante des eaux vertes du lac.
" Je suis toi, dit-elle,
je viens de loin.
Accompagne-moi, j'ai quelque chose à te montrer..."
Elle va pour repartir, son manteau s'ouvre et alors soudain
une lumiére d'or... partout, une lumiére d'or...>
Il est fréqent dans les contes de voir le personnage principal découvrir une étonnante vérité ou retrouver un trésor en tâtonnant dans le noir. Rien ne fait mieux ressortir la lumiére , la merveille, le trésor que l'obscurité.
" La nuit obscure de l'âme"et devenue une sorte de cliché dans certains domaines de la culture...
Ces images portant sur la traversée de l'obscurité comportent une message immémorial:
< N'ayez pas peur "de ne pas savoir" >.
Et ainsi, à différents moments de notre vie.
Cela nous encourage à obéir à l'appel, même si nous n'avons aucune idée de la direction à prendre, du but du voyage ou de sa durée. Tout ce que nous savons, c'est que nous evons nous lever et sortir. Nous pouvons tâtonner quelques temps, nous demandant qui peut bien nous appeler, mais nous finissons par buter sur " la peau d'âme".
Alors nous entrons invariablement dans la phase du "Parfait "...
< Je sais ce dont j'ai besoin> ...
Pour beaucoup de femmes, ce n'est pas la recherche de la "peau d'âme" dans l'obscurité qui leur fait le plus peur. C'est plutôt la plongée dans la mer, le retour chez soi proprement dit et surtout le fait de s'en aller. Même si elles se réintégrent , si elles réenfilent la peau et s'apprêtent au départ, partir, quitter ce qui les occupait n'est pas facile. Pas facile du tout ! ...>>
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Extrait de " FEMMES QUI COURENT AVEC LES LOUPS"
de CLARISSA PINKOLA ESTES
<< Chaque femme porte en elle une force naturelle, instinctive, riche de dons créateurs et d'un savoir immémorial. Mais la société et la culture ont trop souvent muselé cette " femme sauvage " , afin de la faire entrer dans le moule réducteur des rôles assignés. Psychanalyste et conteuse, fascinée par les mythes et les légendes, Clarissa P.E nous propose de retrouver cette part enfouie, pleine de vitalité et de générosité, vibrante, donneuse de vie. A travers des "fouilles psycho-archéologique" des ruines de l'inconscient féminin, en faisant appel aux traditions et aux représentations les plus diverses, de la Vierge Marie à Vénus, de Barbe-Bleue à la petite marchande d'allumettes, elle ouvre la route et démontre qu'il ne tient qu'à chacune de retrouver en elle la Femme Sauvage. >>